July 29, 2011

Review "The Old Prophecy Of Winterland" in Metal Impact (French)


Here is the link to the review: http://www.metal-impact.com/index.php?name=Reviews&req=showcontent&id=4434



Bien qu’on l’oublie assez souvent, l’Espagne possède elle-aussi une scène Metal et, plus surprenant peut-être, une scène Black Metal assez large mais qui sonne un peu creux. Le seul groupe espagnol qui m’est venu en tête spontanément a été AVULSED, le seul m’ayant vraiment marqué et qui fait encore partie de mon quotidien. Pour les autres, DARK MOOR, FOREVER SLAVE ou MÄGO DE OZ, ce sont des noms, parmi tant d’autres. Probablement échaudés par les fiestas « mucho caliente » qui ambiancent les stations balnéaires des côtes hispaniques à l’arrivée de l’été, les espagnols de FROZEN DAWN disent stop ! Les nuits estivales seront glacées du côté de Madrid, c’est ainsi. Avec son premier album, The Old Prophecy Of Winterland, qui succède à un misérable EP en 2007, les madrilènes mettent l’accent sur… la météo ! Le froid, l’hiver, la neige, le blizzard, soit autant d’expressions qui reviennent régulièrement dans leurs chansons, comme une promesse d’un disque à vous glacer le sang.

Première piste, « Cold Winds ». Ça joue très vite, ça joue très fort, c’est très mélodique mais c’est de la poudre aux yeux. Une entrée en matière aussi fracassante me parait un peu présomptueuse et effectivement, le temps passe et la perplexité s’accentue. « Black Spells » plante le décor de manière très suggestive. FROZEN DAWN rendra tout du long hommage aux pionniers du Black Metal, celui qui s’est construit à des milliers de kilomètres de Madrid, ce qui explique pourquoi les espagnols sont, eux aussi, très lointains de la réalité. De DARKTHRONE à DARK FUNERAL, tout y passe sans chichis. Si la guitare rythmique se rapproche la plupart du temps des groupes de Black brutal comme MARDUK, la lead s’impose sur chaque composition, procurant une facette plus mélodique à l’ensemble. Un joyeux mélange comme savait le faire DARK FORTRESS sur Eidolon ou WATAIN sur ses plus grands succès. Mais pour le coup, si l’hommage est quasiment palpable, niveau créativité, ça ne vole pas très haut. C’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleures soupes, certes. Mais avec des légumes frais. Ceux utilisés par nos amis transpyrénéens côtoient de trop près la date de péremption pour espérer en faire ne serait-ce qu’un gaspacho. Pourtant, ils ne s’en sortent pas trop mal. Si on s’ennuie le plus clair du temps, c’est avec des propositions bien couillues et accrocheuses comme « Cold Souls » (dont l’intro attire immédiatement l’oreille) ou « Frozen Dawn » et sa rythmique lancinante comme des coups de cutter que le quartet tire finalement son épingle du jeu. Les hurlements de Grinder sont par ailleurs très intéressants, car plutôt rauques et d’une intensité appréciable. Après, les températures espérées se font vraiment attendre et l’hiver infernal qu’on nous avait promis laisse place à un vent suffisamment frisquet pour nous faire sortir une petite laine, pas plus. Pleins de bonne volonté, et aussi de bonnes idées, soyons francs, les mecs de FROZEN DAWN auront beaucoup de mal à se faire prendre au sérieux dans une scène bondée avec un album bourré de clichés et une localisation géographique plutôt exotique. Une grande erreur aura pour moi été de reprendre le « Fuel For Hatred » de SATYRICON en guise de conclusion. Car même si la cover est bien exécutée et très fidèle à l’esprit de l’originale, on se rend compte qu’il y a un monde de génie musical entre un petit groupe débutant et une grosse pointure du Black norvégien. Cette piste tombe comme un cheveu sur la soupe et on réalise au final le décalage monstre entre le FROZEN DAWN pur jus et celui qui repompe sur SATYRICON.

Au final, The Old Prophecy Of Winterland demeure un sympathique album de Black Metal qui vous replongera l’espace d’une petite heure dans l’univers glacé et impitoyable du noyau dur de la scène Black, la vraie, la pure, la seule et l’unique. On ne pourra guère leur en vouloir de continuer à faire vivre le style, un peu plus de ne pas mettre les moyens au service de leurs ambitions. 

3/5. Stef